Zoom sur le statut d'intermittent du spectacle : Défis et opportunités

Article publié le 19/03/2024
Temps de lecture : 4 minutes
Auteur : l'équipe rédaction du site formation-audiovisuel.fr

Le statut d'intermittent du spectacle est une spécificité française qui intrigue autant qu'elle fascine. Créé pour reconnaître la nature unique du travail des artistes et techniciens du secteur culturel comme le spectacle vivant, l'audiovisuel et le cinéma, ce régime offre un cadre adapté à l'alternance entre périodes de travail et d'inactivité inhérentes à ces métiers. Comprendre le statut d'intermittent du spectacle, c'est s'immerger au cœur des mécanismes qui soutiennent la création artistique et technique en France, tout en naviguant entre avantages sociaux, conditions d'éligibilité et démarches administratives spécifiques. Dans les lignes qui suivent, nous allons dévoiler les contours de ce statut particulier, ses bénéfices, ainsi que les défis qu'il présente pour ceux qui aspirent à en faire partie.
 
intermittent audiovisuel

Quelle est la définition d'un intermittent du spectacle ?

Les intermittents du spectacle en France, incluant les artistes et techniciens des domaines du spectacle vivant, du cinéma et de l'audiovisuel, travaillent sous des contrats à durée déterminée appelés contrats d'usage (CDDU). Ces contrats leur offrent une flexibilité de travail qui correspond aux besoins variables des productions artistiques, alternant entre périodes de travail rémunéré et de chômage. Contrairement aux travailleurs temporaires, les intermittents du spectacle participent aux systèmes de protection sociale comme tout salarié, mais bénéficient d'un régime d'assurance chômage spécial, conçu spécifiquement pour la nature intermittente de leur profession depuis 1936. Ce régime unique, propre à la France, a été créé pour s'adapter aux besoins spécifiques de flexibilité inhérents au secteur du spectacle et de l'audiovisuel. Les intermittents du spectacle ont également la possibilité de financer leurs différentes formations grâces à une variété de dispositifs comme l'AFDAS.
 

intermittents du spectacle

La distinction entre intermittent du spectacle et auto-entrepreneur

Les statuts d'intermittent du spectacle et d'auto-entrepreneur en France servent des objectifs professionnels différents. L'intermittent bénéficie de contrats spécifiques, d'une assurance chômage adaptée et de protections sociales similaires aux employés réguliers. À l'inverse, l'auto-entrepreneur agit en tant qu'indépendant, bénéficiant d'une gestion allégée et d'une flexibilité fiscale et sociale, sans accès à l'assurance chômage des intermittents. Bien que ces statuts puissent être combinés, les activités exercées doivent différer entre elles pour respecter leurs conditions spécifiques.

Les atouts et les obstacles d'être un intermittent du spectacle

Les atouts de devenir intermittent du spectacle

  • Flexibilité et Liberté : Un des principaux avantages d'être intermittent du spectacle est la liberté de choisir ses projets et d'organiser son emploi du temps. Cette flexibilité permet aux professionnels de sélectionner les travaux qui correspondent à leurs intérêts artistiques et techniques.
  • Accès à un régime d'assurance chômage spécifique : Malgré l'irrégularité de leur emploi, les intermittents bénéficient d'un avantage qui est le régime d'assurance chômage adapté à la discontinuité de leur activité professionnelle, leur offrant une certaine sécurité financière entre les contrats.
  • Diversité des expériences : Travailler sur différents projets avec diverses équipes permet aux intermittents d'acquérir une riche expérience, de développer leurs compétences et d'élargir leur réseau professionnel.

Les obstacles de devenir intermittent du spectacle

  • Précarité financière : La nature intermittente du travail peut conduire à une instabilité financière, surtout si l'intermittent ne parvient pas à remplir les conditions nécessaires pour être éligible au régime d'assurance chômage spécifique.
  • Incertitude de l'emploi : L'absence de garantie d'un emploi stable peut générer une incertitude constante quant à la disponibilité future des opportunités de travail, impactant ainsi le bien-être et la planification à long terme des intermittents.
  • Concurrence et pression : Le secteur du spectacle étant très performant, les intermittents peuvent faire face à une forte concurrence pour obtenir des contrats, ce qui peut mener à une pression accumulée pour se démarquer et sécuriser des engagements réguliers.
  • Complexité administrative : La gestion des aspects administratifs liés au statut d'intermittent, notamment en ce qui concerne l'assurance chômage et les cotisations sociales, peut s'avérer complexe et chronophage. 
 

Quel est le salaire moyen d'un intermittent du spectacle ?

Le salaire d'un intermittent du spectacle en France varie en fonction de plusieurs facteurs, notamment le rôle (technicien ou artiste), le nombre de cachets accumulés, et les conditions spécifiques de chaque contrat.

En France, le revenu moyen des emplois d'intermittent s'élève à 22 500 euros annuellement, soit 1 875€ par mois. Les salaires initiaux pour les débutants avoisinent les 21 203 euros par année, alors que les professionnels les plus chevronnés peuvent percevoir jusqu'à 39 000 euros annuellement.

 Cependant, le revenu brut mensuel moyen des intermittents a connu une baisse, passant de 2 500 euros en moyenne à une somme inférieure en 2020, selon L'Unedic.

Les intermittents ont également accès à un régime d'indemnisation spécifique lorsqu'ils ne travaillent pas, ce qui peut compléter leurs revenus.

Source : www.lemonde.fr/ fr.talent.com/

Comment fonctionne le régime de l'intermittent du spectacle ?

intermittent cinéma

Le régime des intermittents du spectacle est un dispositif unique en France, conçu pour s'adapter aux particularités du secteur du spectacle vivant, cinématographique et audiovisuel, en offrant une protection sociale et une indemnisation chômage aux professionnels qui naviguent entre périodes d'activité intenses et phases d'inactivité.

Quelles sont les conditions d'éligibilité au régime ?

Pour bénéficier du statut d'intermittent du spectacle en France, les professionnels doivent respecter plusieurs conditions essentielles liées à leur activité intermittente dans le spectacle vivant, le cinéma et l'audiovisuel.

Pour être éligibles aux allocations de chômage, les techniciens et travailleurs du secteur du spectacle doivent démontrer qu'ils ont travaillé au moins 507 heures au cours des 304 jours précédents dans une ou plusieurs sociétés validées par Pôle Emploi.

 Il est crucial que ces heures soient correctement déclarées et que les cotisations sociales et chômage adéquates soient versées. Les intermittents du spectacle ne doivent pas être en CDI dans un autre secteur, car cela les rendrait inéligibles au régime. La résidence en France est généralement nécessaire, soulignant que ce régime est spécifique au marché du travail français. Pendant les périodes d'inactivité, les intermittents doivent s'inscrire comme demandeurs d'emploi auprès de Pôle Emploi ou de Pôle Emploi Spectacle et chercher activement du travail dans leur domaine. 

Comment sont indemnisés les intermittents du spectacle ?

En France, l'indemnisation des intermittents du spectacle est spécialement conçue pour s'adapter à leur profession fluctuante, basée sur leurs salaires et sous conditions de CDD d'usage. Le calcul de l'allocation chômage se fait sur le revenu moyen des deux dernières années, favorisant ainsi la combinaison de revenus d'activité et d'allocations pendant les périodes d'inactivité. En 2019, sur 280 000 intermittents, 100 000 bénéficiaient de cette indemnisation, soulignant son rôle crucial dans le maintien de la dynamique culturelle française face à la précarité du secteur.

Néanmoins, la réforme de l'assurance-chômage, qui a été mise en place le 1ᵉʳ octobre 2021, a modifié significativement le mode de calcul des indemnités pour les intermittents du spectacle, un changement qui suscite une vive inquiétude au sein de cette communauté. Le Medef propose une réduction des dépenses consacrées aux intermittents de 15 % d'ici à 2026, une proposition qui soulève des préoccupations quant à l'avenir financier de nombreux professionnels du secteur. Malgré les défis posés par la réforme, les intermittents du spectacle restent jusqu'à présent les seuls à avoir réussi à préserver leurs droits spécifiques dans le contexte plus large des modifications de l'assurance chômage en France.

Le statut d'intermittent du spectacle en France offre une structure unique de soutien aux professionnels des arts et de la technique dans le secteur culturel, leur permettant de bénéficier d'allocations de chômage sous certaines conditions. Bien que le revenu puisse varier considérablement selon l'expérience et le domaine d'activité spécifique, ce statut reconnaît la nature irrégulière du travail dans ce secteur et cherche à fournir une certaine sécurité financière aux artistes et techniciens qui contribuent richement à la vie culturelle française.